foreplay and arousal

Last updated on mai 18, 2022

Temps de lecture moyen : 10 minutes.

Simone de Beauvoir fur la première à indiquer qu'en moyenne, une femme a besoin de 20 à 45 minutes de stimulation physique avant d'être correctement excitée et prête à la pénétration - la majorité d'entre elles étant dans la fourchette haute. 

Depuis, de nombreuses autrices ont donné des chiffres similaires.

Ce que nous appelons « préliminaires » est la partie de l'échange sexuel / sensuel pendant laquelle se construit une grande part de l'intimité et de la relation qui permet de créer le plaisir qui mène à l'orgasme partagé. Ces échanges ont également une fonction physiologique. C'est une partie essentielle de l'excitation mutuelle.

 

  1. Principes et besoins physiologiques.

Le vagin est un système complexe, qui inclut des tissu spongieux et très élastiques lorsqu'ils sont correctement irrigués. La longueur moyenne d'un vagin est d'environ 11 centimètres (alors que la longueur moyenne du pénis est de 13,5 cm). Le vagin étant élastique, il peut facilement se dilater pour recevoir un pénis plus grand que la taille originale du vagin — en longueur ou en largeur — MAIS, pour cela, il doit être correctement irrigué, prêt à recevoir. Ce qui veut dire qu'il doit être activé et engorgé :

  • Lubrification. Nécessaire pour ne pas blesser la surface de la muqueuse, les tissus superficiels. La sensation pour une femme s'il n'y a pas assez de lubrification s'apparente à frotter son pénis avec du papier émeri. La lubrification est produite naturellement par la plupart des femmes. Si on lui laisse suffisamment de temps, le corps produit généralement plus qu'assez de cyprine ; et la plupart du temps, si le vagin n'est pas lubrifié sur toute sa longueur, c'est qu'il est trop tôt ! Je n'ai jamais eu besoin de lubrifiant artificiel pour mes partenaires. Et je peux vous le dire, la sensation d'être à l'intérieur d'une conduite très, très lubrifiée est incroyable !
  • Engorgement et expansion des tissus : tout comme le pénis, le vagin est constitué de tissus érectiles, et donc, a besoin d'un afflux sanguin pour être pleinement activé. Dans le cas de l'appareil génital féminin (vagin, vulve, clitoris), les fluides corporels qui irriguent les tissus internes les rendent plus épais, plus moelleuxsouples, élastiques et plus réceptifs au plaisir. Cet afflux permet au vagin d'être capable de se dilater pour recevoir votre baguette magique. Il va également activer les muscles autour du conduit, les rendre plus dynamiques et plus souples. La muqueuse est fragile. Si les tissus internes ne sont pas suffisamment irrigués, la pénétration peut déchirer la muqueuse, causer des dommages variables aux muscles internes. Pour avoir une idée, imaginez d'ouvrir grand la bouche quand vous avez des lèvres gercées, ou étirer brutalement un muscle (mouvement sportif intense), alors que celui-ci est contracté et/ou non échauffé… Mais bien sûr, ici, c'est 100 fois plus sensible.
  • Naomi Wolf parle également de la nécessité pour le système nerveux autonome des femmes d'être calme et apaisé pour que sa yoni soit pleinement réactive. Ce qui signifie que, pour pouvoir pleinement profiter de la pénétration, une femme doit avoir confiance en son partenaire pour la respecter, ne pas lui faire de mal, l'écouter, et elle doit également avoir confiance en cette personne pour lui donner du plaisir. Et l'intimité provoquée par les échanges de baisers, de caresses et de câlins, renforce la confiance à ces niveaux.

C'est pourquoi le lubrifiant artificiel n'est généralement PAS une bonne réponse à une différence d'excitation. Un lubrifiant peut résoudre le problème de friction de surface, mais NE permet PAS au vagin d'être suffisamment élastique pour accommoder un pénis en érection (à moins que le vôtre ne soit vraiment petit ou que le sien soit bien au-dessus moyenne), ni au système nerveux d'être réceptif et apaisé pour y ressentir du plaisir. Donc, si vous utilisez un lubrifiant artificiel pour le vagin avant 45 minutes de "préliminaires", il y a de fortes chances que ce soit une béquille. Et cette béquille vous empêchera d'atteindre un véritable orgasme partagé.

La bonne solution est donc… de longs "préliminaires".

 

2. Mais… certaines femmes sont prêtes beaucoup plus vite, non ?

Les films, à la fois "normaux" et pornos, montrent du sexe sans "préliminaires" ou presque. Il y a de nombreuses raisons à cela. Tout d'abord, les préliminaires sont quelque peu ennuyeux à regarder - pas assez spectaculaires pour les films ordinaires et pas très excitants pour un spectateur (même moi, quand je regardais du porno, je sautais le peu de préliminaires et j'allais directement aux parties "juteuses"). Deuxièmement, le porno est fait par des hommes qui, pour la plupart, ont une vision misogyne et violente de la sexualité. Troisièmement, les "préliminaires" (embrasser, caresser, câliner...) sont des moments très intimes, et ce que vous faites avec le corps de l'autre est très "privé" (étroitement lié à vos sentiments et aux expériences réelles que vous avez partagées)... difficile à "jouer" et à montrer de façon crédible.

En bref, les choses que nous appelons "préliminaires" seront trop spécifiques pour être intéressantes à raconter.

Pourtant, oui, certaines femmes qui ont une solide expérience du plaisir peuvent, dans les bonnes circonstances, construire leur propre excitation, de telle sorte que leur vagin soit prêt plus rapidement que la moyenne. Tout dépend de leurs expériences précédentes. En règle générale, plus une femme a eu de véritables orgasmes (physiques) associés aux rapports sexuels, plus son corps sera prêt rapidement - et d'un autre côté, plus ses expériences sexuelles passées auront été douloureuses, plus la préparation sera lente (et difficile). Cela varie également en fonction de son état mental, de sa confiance en son partenaire et de nombreux autres facteurs. Lorsque ces différents niveaux de confiance augmentent, la capacité d'être excité augmente rapidement.

La plupart de mes amantes, une fois qu'elles ont eu une solide compréhension de leur propre plaisir sexuel, étaient souvent prêtes beaucoup plus rapidement qu'aux débuts, et même parfois plus vite que moi ! Il m'est arrivé, dans certains cas, de pouvoir aller à la pénétration sexuelle avec très peu de préparation physique. Et, à d'autres occasions, nous avons pu passer des heures à construire une tendre intimité sans autre but que de rester dans ces caresses. Cependant, la possibilité d'être rapidement disposée à la sexualité s'est mise en place graduellement, à la fois à l'intérieur de leur propre sexualité et au sein de notre relation. Une fois que le corps a connu suffisamment d'orgasmes et a confiance dans ce qui va advenir, il sait que c'est possible et même probable, et dont il veut y aller et il sait comment se mettre en condition pour le permettre. Cela reste des mécanismes corporels, donc non instantanés, mais le process est accéléré. Mais comme tout ce qui est physique, cela demande de la pratique, de l'entraînement, de l'habituation.

Par ailleurs, le pouvoir de l'esprit sur l'excitation est plus efficace lorsque le corps a l'expérience du plaisir. Un jour, mon amante revenait de voyage, nous ne nous étions pas vus depuis un mois, bien que très amoureux. Je suis allé la chercher à l'aéroport. Lors de notre trajet de l'aéroport à chez moi, nous nous touchions uniquement avec nos mains, tout en nous regardant amoureusement dans les yeux. Lorsque nous avons franchi la porte de mon appartement, son vagin était parfaitement prêt. Elle avait anticipé mentalement pendant le trajet, et son corps, par le contact entre nos mains, avait eu l'information que "c'était pour maintenant"… Alors elle était prête. Si nous n'avions pas été en couple, ou si elle n'avait pas eu une longue histoire de relations sexuelles agréables, cela n'aurait jamais été suffisant.

 

3. L'exception la plus fréquente… et le cas malheureusement le plus courant

Il existe cependant une autre exception (apparente) à la statistique de Beauvoir... et c'est en quelque sorte la raison pour laquelle elle indique qu'une majorité de femmes est dans la fourchette haute. Beaucoup de femmes acceptent des rapports sexuels avec très peu de temps pour les "préliminaires"... par ignorance (ou  par soumission à une norme ou à la pression sociale). Ces femmes auront tendance à ignorer les signaux de leur propre corps et à suivre le script qu'elles connaissent (soit par le porno, soit par des expériences précédentes).

Presque toutes les femmes éprouvent du désir, mais beaucoup n'ont jamais éprouvé de plaisir physique. Beaucoup n'ont même jamais ressenti l'excitation complète telle que décrite ci-dessus (leur corps n'a jamais atteint le point d'être réellement prêt pour la pénétration, avec engorgement des tissus). La plupart du temps, elles ne savent pas pourquoi elles n'ont pas de plaisir (ou elles se reprochent d'être "frigides"). Souvent, elles n'ont pas d'idée de scénarios sexuels alternatifs, et n'ont aucune idée de ce qui leur procurerait réellement du plaisir.

Certaines femmes vont même jusqu'à simuler le plaisir pour tenter de s'auto-persuader à en éprouver : soit comme une sorte d'auto-hypnose, soit comme le plaisir mental de faire quelque chose qui est supposé être agréable. Et en effet, il y a du plaisir à agir par désir. Si elles ne connaissent rien d'autre, si elles n'ont aucune idée de la possibilité d'un orgasme sexuel, elles peuvent juger une rencontre « satisfaisante » malgré l'absence de plaisir.

C'est malheureusement le cas d'une majorité de femmes. Du fait qu'il y a si peu d'informations sexuelles sur les femmes, la plupart ne connaissent pas leur besoin  de temps pour éveiller leur sexualité (et le fait que c'est entre 20 et 45 minutes... selon l'expérience de plaisir, donc plutôt 45 pour une débutante!). Une femme qui ne connaît pas ses besoins peut ressentir du désir sexuel, et même un début d'excitation, mais quand elle pensera que son corps devrait être prêt (selon les informations dont elle dispose), elle se lancera dans le sexe alors qu'elle ne l'est pas vraiment. Elle ressentira une douleur vaginale intense les premières fois, puis plus rien (son système nerveux rompra le lien). Ensuite, lors de relations sexuelles, elle éprouvera du plaisir mental et pensera que c'est le mieux qu'elle puisse avoir, ou  alors elle pensera qu'elle est frigide. De toute façon, elle continuera à accepter le sexe avec seulement un peu de "préliminaires", et se soumettra aux désirs de l'homme (ou à ce qu'elle pense qu'il veut) parce qu'elle n'a rien d'autre à offrir.

Et OUI, j'ai dit "rien d'autre à offrir". Parce qu'une femme dans cette situation ne peut pas donner à son partenaire la satisfaction de donner du plaisir à la femme qu'il aime. Le plaisir de donner du plaisir à la personne qu'on aime, est inestimable. De plus, le plaisir partagé suscite la créativité, et une personne qui ressent des plaisirs intenses offrira certainement bien plus de possibilités qu'une autre qui se contente de suivre… Sans parler du désir de le faire plus souvent ! Enfin, il y a l'effet de réciprocité : mes partenaires m'ont fait découvrir des plaisirs inimaginables, simplement parce qu'elles cherchaient des moyens de me donner autant que je leur avais donné.

Quoi qu'il en soit, si le seul plaisir que ressent une femme est de faire plaisir à son partenaire, ou un plaisir mental, son désir de faire l'amour va très vite s'éroder.

Les statistiques montrent que les femmes perdent le désir sexuel en moyenne un an après le début d'une relation, beaucoup plus rapidement que les hommes.

Esther Perel précise que les femmes ne se lassent pas du sexe, mais elles se lassent du sexe médiocre. Malheureusement, la plupart des hommes n'ont aucune idée de la sexualité féminine - moins de 9% savent comment donner un véritable orgasme. Donc, même si leurs partenaires féminines ont du plaisir, cela devient vite médiocre (un véritable orgasme n'est pas une expérience ordinaire, on ne s'en lasse pas). Finalement, le plaisir de faire son devoir (ou quelque chose qui ne répond pas de façon satisfaisante au désir que vous ressentez) s'estompe. Au bout d'un moment, le sexe devient ennuyeux pour les deux : la femme n'apprécie pas ce qu'elle fait, donc elle essaie d'abréger (ce qui réduit encore les chances que ce soit agréable pour elle), et elle fait de moins en moins d'efforts pour que ce soit agréable pour l'homme… et réciproquement, l'homme y éprouve quelque chose de peu enrichissant car pas assez réciproque et partagé. Les deux finissent dans une relation de cohabitation, et souvent, le ressentiment remplace graduellement l'amour.

Ainsi, même si cela peut sembler une bonne affaire d'avoir une femme qui "suit votre rythme et accepte tout ce que vous proposez", en fait, cela entraînera une diminution de la sexualité et, finalement, un échec de la relation.

Je préfère de loin investir dans les « préliminaires », dans la découverte de l'autre, dans la création de notre propre érotisme. Ce qui amène des interactions sexuelles toujours plus agréables, qui ne sont pas seulement garanties de résister à l'épreuve du temps, mais vont aussi gagner en intensité, pour les deux !

 

4. Différents effets psychologiques entre les hommes et les femmes – et applications concrètes.

On enseigne aux hommes qu'une grande partie de leur identité réside dans leur pénis. En fait, une grande partie de la pression qu'ils ont et qui a un effet délétère sur leur estime de soi ou leur capacité à se sentir aimé, est concentrée sur cette injonction à « être un pénis ».

Que nous en soyons conscients ou non, les émotions et les sentiments sont des sensations, et donc liés à un endroit du corps. Dans une interaction intime, un homme ressentira souvent son désir de connexion et d'intimité situé dans son pénis - le même où se trouve son désir sexuel. (Ce qui a encore plus de sens lorsque vous utilisez la phrase de Verlaine de « cœur » pour parler de vos parties intimes).

Reconnaître ses sentiments et ses émotions signifiera donc... montrer de l’appréciation pour son pénis ! Un homme se sentira plus reconnu, pris en considération, lorsque sa partenaire aura adressé un signe à son meilleur ami. Le plus tôt sera le mieux, car tant que le pénis n'est pas touché ou accueilli chaleureusement d'une manière ou d'une autre, l'homme ne se sentira pas entièrement validé dans ses émotions et ses désirs.

Alors, mesdames, et c'est un conseil que j'ai reçu d'une femme qui aimait les hommes : toucher le pénis très tôt dans l'interaction sensuelle ("préliminaires") est un excellent moyen d'augmenter la connexion et l'intimité avec un homme. Cela montrera à l’homme qu'elle l'a reconnu, lui, dans ses désirs, et dans ses besoins en termes de plaisir et de sexualité. C'est pourquoi dans la tradition patriarcale on parle de « préliminaires » : tant que le pénis n'est pas reconnu, un homme ne se sentira pas pleinement pris en compte.

En revanche, l'excitation d'une femme est progressive, avec un mouvement « extérieur-intérieur ». Et cela va aussi avec le fait que les femmes apprennent à ne pas se sentir traitées avec dignité humaine si elles ne sont qu'un objet de désir sexuel. Donc, si votre partenaire est une femme, la vulve doit être touchée en dernier, uniquement lorsque le reste du corps a reçu de l’attention. Commencez par les mains et les bras, puis le visage, les yeux, la bouche, puis le dos, le cou, les hanches, les jambes, et alors seulement vous pourrez aller jusqu'aux fesses ou aux seins, et ensuite seulement approcher la vulve - avec le plus de délicatesse possible. Et ne concentrez jamais toute votre attention sur les parties génitales, en négligeant le reste du corps.

Cela fait partie des points sur lesquelles le biologique et le social se combinent, chacun renforce l'autre.

Vos commentaires:

  • Avez-vous déjà vu des statistiques sur l'excitation et le désir?
  • Avez-vous déjà reçu ce genre d'explications sur le pourquoi et le comment?
  • Aviez-vous conscience des aspects physiologiques de ces différences entre hommes et femmes? Et des aspects psychologiques et sociaux? 
  • Avez-vous déjà rencontré des difficultés relatives à ce temps de préparation?

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