using loving words with your lover

Last updated on avril 20, 2022

Temps de lecture moyen : 7 minutes.

Le fait que la plupart des "gros mots" soient sexuels crée énormément de confusion dans notre cerveau – et cela nuit à notre vie amoureuse.

Je suis souvent tenté de demander à mes amis : « Tu as vraiment envie de coucher avec ce connard ? Mais alors pourquoi lui as-tu dit " je t’encule ! "? Ce que tu as exprimé c'est un acte sexuel, entre toi et lui. »

Le langage affecte notre façon de penser. Cela a été prouvé scientifiquement à maintes reprises. Demandez à quelqu'un de "chercher" un souvenir, et il lui faudra le double du temps qu'il lui faut si vous lui dites de le "trouver". Le genre grammatical des objets modifie la façon dont on évalue leurs qualités (étude de 2002 sur des Allemands et Espagnols décrivant des clefs et des ponts).

C’est aussi ce que George Orwell a illustré dans son roman 1984 : utiliser le même mot pour des choses différentes crée de la confusion, et l'absence de vocabulaire approprié sur quelque chose nous empêche d'y penser.

L'utilisation des mêmes mots pour le sexe et la violence fait que notre cerveau confond ce que l'on fait à nos ennemis et à nos amant.e.s !

C’est mon premier conseil pour une meilleure vie sexuelle : regardez les mots que vous employez. Donc, 3 conseils, et 2 catégories d'avantages :

 

1. Éviter d’employer des mots sexuels comme insultes. 

J'essaie d'éviter tout mot à caractère sexuel pour parler de mépris ou de violence.

Si je veux du mal à quelqu'un, j'utiliserais : "va te faire exploser" ou "va chier" ou "je t’emmerde". Si j’ai été arnaqué, je me suis fait "entuber" ("se faire baiser" impliquerait que le sexe est une chose désagréable où il y a un perdant). Mais faire du sexe avec moi, c’est me faire du bien.

La sodomie est source de merveilleux orgasmes, je ne le souhaite pas aux abrutis. Et j’ai trop de respect pour mon pénis pour l’introduire dans l’anus des gens que je méprise.

C'est ma règle depuis des années, et je n’y parviens pas toujours - parce que nous les entendons tout le temps (ce qui témoigne de combien nous sommes influencés par ce que nous entendons tous les jours).

Quoi qu'il en soit, ce gars qui vous a manqué de respect, quand vous avez dit "je l’encule", ce que vous vouliez dire était "je veux lui faire du mal", n'est-ce pas ? Mais le soir, quand vous vous couchez avec la personne que vous aimez, est-ce que vous "voulez lui faire du mal" ? Non? Alors pourquoi utiliserions-nous le même mot ? 

 

2. Éviter d'utiliser des mots insultants ou violents pour parler de sexe 

Je ne sais pas pour vous, mais j’adore mon pénis ! Et j'aime aussi la vulve de ma copine, et son petit derrière. Quand je rencontre une personne stupide ou désagréable, je ne veux pas le traiter de "partie du corps délicieusement attirante"!

Cependant, le problème est que nous entendons ces mots utilisés de façon haineuse toute la journée, tous les jours (ce qui est assez flippant quand on y pense, en termes de dictature intellectuelle).

Certaines personnes trouvent les mots "grossiers" excitants. C'est leur droit! Pour moi, cette préférence est un "kink" : l'utilisation d'insultes et de mots dégradants dans une relation sexuelle est une forme légère de sadomasochisme. Comme toute préférence sexuelle, cel ne repose pas de problème : n'importe qui devrait être autorisé à le faire - mais personne ne devrait y être forcé. Règle de base du consentement ! Donc, si vous aimez ça, ne boudez pas votre plaisir !

Pour les autres, nous devons conquérir notre droit de parler de sexe sans nous sentir insulté.e.s. Et c'est du boulot.

En fait, cela va plus loin qu'on ne le pense. J'ai rencontré une femme qui ne voulait pas faire de sexe oral, parce qu'elle ne voulait pas être "quelqu'un qui suce" ("to suck" en Anglais, qu’on peut traduire par "être nul à chier"). C'est logique : en management, on change le nom d'un poste ou d'une situation dans l’espoir de changer notre façon de penser. Et ça marche, d'une manière ou d'une autre (souvent c'est le mot positif qui commence à changer de sens, car l’intention est manipulatoire). En politique, les débats sur les choix sémantiques sont extrêmement importants, à cause de l’impact et du pouvoir des mots.

Je ne veux pas d'association mentale négative dans mon lit, alors j'essaie d'utiliser d'autres mots pour parler de nos corps et de ce que nous faisons.

 

3. Créer notre propre lexique 

Je pense qu'il faut des mots positifs et respectueux pour les actions et les pratiques sexuelles. La plupart de ceux que nous avons sont soit dégradants, soit médicaux – dans les deux cas, franchement pas excitants.

Je ne mangerais jamais un chat, c'est dégoûtant ! Mais savourer le philtre d'amour au creux du sanctuaire de mon amoureuse, c'est une toute autre affaire !

Le problème c’est que pour éviter ce vocabulaire avilissant, il faut le remplacer par autre chose, et bien souvent, il faut le créer entièrement. Dans la tradition indienne du Tantra, la vulve d'une femme est la "Porte de Jade", le vagin est "le Temple de Jade" ; et un pénis est un "Bâton de Lumière". Beaucoup de gens se sont mis à utiliser les mots sanskrits « Yoni » et « Vajra ». C'est une bonne option pour les bases.

Quant à moi, j'ai découvert à 15 ans que le poète Paul Verlaine appelait son organe d'amour (le pénis) "le Cœur" – c’est le mot que j'utilise depuis avec mes amantes (pour leur sexe ou le mien). Et cela a un impact profond sur ma façon de penser et sur mes relations avec moi-même et mes amantes!

En Français, j'ai entendu cette blague, qu'on peut vraiment dire qu'une femme est "une vraie princesse" une fois qu'elle vous a "accueilli dans son palais". Depuis, j'utilise ce jeu de mots dans ma vie amoureuse pour parler de cet acte d’une extraordinaire noblesse : "Veux-tu bien être ma princesse ?" J'ai encore du mal avec ça en anglais, donc si vous avez des suggestions,  elles seront bienvenues.

Mais cela va plus loin : il y a un cruel manque de précision dans le vocabulaire existant sur la sexualité (il y a beaucoup de mots, la plupart salaces, mais aucun d'entre eux n'est précis sur les spécificités réelles). Et souvent, il n'y a aucun moyen de désigner un mouvement ou une sensation particulière, ou de les différencier.

Plus vous aurez de mots pour parler de détails (cette action, cette position, ce mouvement, cette vitesse, cet angle, cet endroit particulier de votre corps...), plus vous pourrez dire ce que vous aimez, connaître vos goûts et ceux de votre partenaire et améliorez vos interactions. 

 

4. Avantages pour votre vie sociale

Supprimer les mots sexuels de vos insultes est un défi, mais la créativité que cela nécessite  est un formidable booster de charisme. Plus vous êtes créatif, plus vous êtes drôle et mémorable. Cela veut dire :

  • Faire rire les autres : une insulte inhabituelle sera plus drôle
  • La foule se rangera probablement du côté du plus spirituel, donc vous.
  • Mieux encore, vos meilleures insultes seront reprises par vos amis, et vous rendront célèbre
  • Les insultes créatives peuvent avoir beaucoup plus d'impact. Si c'est inhabituel, c'est mémorable, et cela risque de coller à la peau de votre ennemi.

Cette habitude vous aidera également à avoir plus de choix quant à savoir si vous voulez avoir l'air poli ou non, ce qui est avantageux dans de nombreux environnements. Et si vous avez suffisamment de pratique, vous pourrez choisir de combiner les injures sans mots grossier, ce qui suscitera l'intérêt. Traiter quelqu'un de "immonde agglomérat de matière fécale putride" sera à la fois plus drôle et plus percutant que de simplement lui envoyer des variations de "sodomisé" - et chaque mot est "correct", bien que la phrase soit évidemment très grossière.

Mais où trouver des insultes alternatives non sexuelles ? Le mieux est d’écouter ce qu’on entend dans les films, en particulier historiques, ou dans les romans, ou emprunter des mots d'autres langues - les traductions littérales peuvent donner naissance à de purs joyaux. Cela peut être difficile parfois, mais le jeu en vaut la chandelle. Et si vous voulez un raccourci simple, remplacez simplement la sexualité par des matières fécales ; cela fonctionne souvent très bien. Un "aimant à merde" ou un "pisse-vinaigre" sont d'excellentes insultes.

 

5. Avantages pour votre vie sexuelle

Utiliser des mots nouveaux dans la chambre à coucher a de multiples avantages.

  • Si vous sortez avec une femme, elle sera ravie de ne pas se sentir insultée ou agressée lorsque vous parlez de sexe avec elle.
  • De fait, cela améliorera (ou même, permettra) la possibilité de parler de sexe avec elle. Et parler à l'avance de ce que l’un et l’autre aime ou de nos fantasmes est inestimable
  • La création d'un vocabulaire plus détaillé permettra de donner un feedback mutuel et d'améliorer votre vie sexuelle.
  • L'association positive rendra le désir de relations sexuelles plus probable et, donc, plus fréquent. 

Autre avantage, votre propre dialogue intérieur va changer, et vous cesserez progressivement d'utiliser des expressions de colère quand vous pensez à la sexualité (bien que cela prenne plus de temps).

  • Cela rendra l'idée du sexe plus agréable sur le plan émotionnel.
  • Et cela influencera conséquemment la façon dont vous pratiquez et améliorera l'ensemble de l'expérience.
  • En outre, il y aura aussi un effet sur l'image de votre corps et de vous-même.  


Questions :

  • Quelles sont vos insultes et jurons préférées ?
  • Quels sont vos mots préférés pour votre meilleur ami et celui votre partenaire (je veux dire vos parties génitales) ?

Vos commentaires seront bienvenus!

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