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Il y a semble-t-il une certaine pression sociétale ("normes") quant au temps que l’on est censé passer à faire l'amour. Il y a un paradoxe entre la pression sociétale qui consiste à "ne pas perdre de temps" et une autre pression qui consiste à "durer assez longtemps" pour satisfaire son partenaire. Tout cela a un côté déroutant.
Au cours d'une conversation, on m'a posé cette question : combien de temps doit-on consacrer à une interaction sexuelle ?
Ma réponse est... vous pouvez consacrer n'importe quel temps, de 15 minutes à 4 ou même 6 heures à cette activité. Les chiffres n'ont pas vraiment d'importance... MAIS il y a plusieurs facteurs à prendre en compte, qui, eux, ont de l’importance.
Avertissement : Je ne parle pas du "temps de pénétration", mais de toute l'interaction physique agréable, y compris les "préliminaires" et "l'afterglow".
1. Respecter notre corps et notre esprit : le sexe est censé engendrer du plaisir.
Faire l'amour est quelque chose que l'on fait pour le plaisir partagé. Si l'un des partenaires ressent de la douleur, c'est que vous vous y prenez mal. Ne vous forcez pas, ne vous faites pas mal.
Si l'un de vous ressent une quelconque douleur physique lors des premiers temps de l'interaction, cela signifie que vous essayez de forcer votre corps à faire quelque chose pour lequel le corps n'est pas prêt (comme faire un effort sportif intense sans s’être échauffé). Dans ce cas, se forcer, c’est se faire du mal. Ne le faites pas.
Dans ce cas, ralentissez, prenez votre temps, écoutez votre corps, mettez-vous à l'aise, faites-vous plaisir et donnez à votre corps le temps de s'adapter à une nouvelle activité.
Le meilleur conseil pour toute activité sexuelle : RALENTIR !
Plus précisément, rappelez-vous la leçon la plus importante sur l'anatomie féminine (si vous ne le savez pas, lisez cet article sur les "préliminaires") : un vagin a besoin de 20 à 45 minutes de stimulation corporelle et d'excitation pour être prêt à la pénétration. Et 45 est bien plus fréquent que 20. Ce chiffre dépend principalement de son habitude du plaisir, donc ce n'est que lorsqu'une femme est habituée à avoir des orgasmes fréquents avec un partenaire qu'elle atteindra le chiffre inférieur. Ce délai varie, non seulement d'une personne à l'autre, mais aussi en fonction de l'expérience avec le partenaire actuel, et de la situation présente.
D'autre part, si vous faites l'amour depuis une, deux ou trois heures et que l'une des parties de votre corps est douloureuse, il est temps de conclure ou au moins de faire une pause. Vous pourrez peut-être tenir plus longtemps une autre fois... ne vous mettez pas la pression. Si votre partenaire n'est pas encore satisfaite, vous pouvez peut-être utiliser une autre partie de votre corps - les mains, la bouche, etc. Mais ne vous faites pas mal.
Les limites physiques du corps humain ne doivent jamais être ignorées. La douleur physique est un signe certain que quelque chose ne va pas. Il est temps de ralentir, de faire une pause ou d'essayer autre chose.
Pensez également à respecter votre esprit, vos désirs et vos réticences. Si je ne veux pas faire quelque chose, même si mon corps est prêt, il vaut mieux attendre que mon esprit soit prêt lui aussi - ou peut-être faire autre chose, qui sera agréable pour mon partenaire et moi-même. Si vous avez un désir intense pour quelque chose, respectez-le aussi, et si votre partenaire n'est pas prêt / prête, essayez de trouver un moyen de ne pas rester dans le marasme de la solitude et de la frustration.
Ne vous méprenez pas : il n’est pas nécessaire d'attendre d'être d'humeur à faire quelque chose pour le faire. Le désir peut monter progressivement, grâce à des actes qui génèrent du plaisir et de l'excitation. De plus, il y a du plaisir à donner du plaisir à l'être aimé, par pure générosité - tant qu’il y a un équilibre relationnel, et que l’on ne se sent pas utilisé. Parfois, on ne se sent pas motivé a priori, mais on sait que cela va nous faire du bien : dès lors il est bon de se donner un petit coup de pouce (créer une habitude, se donner rendez-vous). Comme le dit Esther Perel, nous sommes rarement motivés pour aller à la salle de sport, mais on se sent toujours mieux après l'avoir fait – et, dans un cadre de couple, le sexe peut fonctionner de la même façon.
Se respecter soi-même implique parfois de faire des efforts pour lesquels on n'est pas très motivé au départ. Donc, oui, on peut se forcer un peu pour découvrir ou redécouvrir une activité qui est agréable pour soi et pour la relation - tant que l’on ne se force pas à faire quelque chose de douloureux ou déplaisant.
En résumé : respectez-vous, ne vous faites pas de mal (ni à votre partenaire), et faites-vous plaisir.
2. Ne vous pressez pas. Profitez, faites-vous plaisir.
Le sexe est un moment agréable. Pourquoi ne voudrait-on pas qu’il dure ? Pourquoi voudrait-on se presser, abréger ce moment ?
Lorsque vous prenez un repas exquis dans un restaurant chic, voulez-vous engloutir votre nourriture sans la mâcher afin de l’ingérer le plus rapidement possible ? Lorsque vous regardez un excellent film, voulez-vous le passer en avance rapide pour qu'il soit terminé en deux fois moins de temps ? Mieux encore : lorsque vous avez une conversation d'amour, que vous échangez du temps de qualité et des mots d'amour avec la personne la plus chère à votre cœur, voudriez-vous abréger ce temps ?
Le sexe est un langage, une conversation pour transmettre vos sentiments. Le faire de façon précipitée serait... triste.
Prenez. Votre. Temps. Et profitez !
En fait, en faisant ces comparaisons, je vois qu'un repas exquis dure généralement entre 1½ et 2 heures, un bon film aussi, de même qu'une (courte) conversation amoureuse ou rendez-vous galant.... Eh bien, en fait, 1½ à 2 heures, c'est aussi l'étendue typique du temps pour une (courte) séance de sexe.
Même si vous avez une passion pour un passe-temps de vitesse, comme conduire une voiture de sport et rouler à toute allure sur un circuit de course, ce n’est pas une course d’une minute qui vous apportera du plaisir : pour prendre du bon temps, il faudra faire un trajet plus long pour ressentir le frisson de la vitesse pendant de nombreuses minutes. Encore une fois, 1 ou 2 heures est probablement le temps de base pour une séance agréable, et cela peut être beaucoup plus pour un aficionado.
Vous pensez peut-être que deux heures, c'est beaucoup de temps ? Mais comment évaluez-vous le sexe sur l'échelle des moments agréables, comparé à d'autres activités ?
Cette question est importante. Combien de temps passez-vous quotidiennement devant la télévision ? Vous souvenez-vous mieux (et avec plus d’émotion) d'une émission de télévision ordinaire ou d'une séance de sexe avec un être cher ? Pour ma part, je préférerais manquer l'émission de télévision de ce soir si c'est l'occasion d'avoir des orgasmes incroyables avec une personne que j'aime !
Pour moi, les expériences les plus agréables sont une priorité dans mon emploi du temps.
Et si quelque chose n'est pas une priorité dans votre emploi du temps, c'est peut-être que ce n'est pas quelque chose de très important, et si ce n'est pas important, c'est peut-être parce que ce n'est pas si agréable pour vous... ce qui est quelque chose à prendre en considération. Comment pourriez-vous rendre cela plus agréable, plus satisfaisant, plus gratifiant ?
3. Comment rendre le moment agréable encore plus intense ?
La meilleure façon de rendre le sexe agréable et plaisant est et de se concentrer sur chaque sensation pour en profiter, de savourer chaque instant, et de se réjouir de chaque moment de plaisir, de découverte, d'excitation...
Lors d'une promenade en forêt, se précipiter jusqu’à l'arrivée revient à rendre l'expérience nulle et non avenue : le plaisir est dans l'appréciation du paysage, du parfum, de l'atmosphère. Il en va de même pour les autres plaisirs : un bon repas sera plus agréable si j’en savoure chaque morceau ; un film si je me concentre sur chaque scène, et même une séance de pilotage de bolide sera plus plaisante si je considère chaque virage comme une occasion de ressentir l'excitation.
Un bon moyen de rendre tous ces plaisirs plus intenses est d'ajouter un certain niveau d'anticipation. Chaque fois que l'on ressent un désir, retarder légèrement l'accomplissement de ce désir rendra sa réalisation plus intense, et donc plus agréable. C'est une façon de rendre les orgasmes plus intenses, et même une façon de les accumuler en orgasmes multiples.
4. Quel est votre But ?
Pourquoi faites-vous l'amour ? Et dans quel but ?
La question mérite d'être posée, car si vous avez une réponse, elle risque fort de vous paraître absurde ! Ce faisant, cela pourrait permettre de dimner la sensation de "manque", et faire baisser la pression de la performance.
Ai-je quelque chose à prouver quand je fais l’amour ? À moi-même, à ma partenaire, à la société ? Je peux peut-être utiliser une autre activité pour assouvir cette quête de reconnaissance ! Est-ce que je ressens mon désir comme irrépressible ? Dans ce cas, pourquoi ? Comment puis-je mieux en profiter, sans avoir cette pression, ces enjeux? Nous subissons parfois beaucoup de pression pour faire l'amour, beaucoup d'injonctions et de normes, beaucoup d'anxiété de performance... Parfois, le simple fait de les nommer, d'identifier les injonctions extérieures, peut les faire disparaître - ou du moins, les atténuer.
Pour moi, la seule et unique bonne raison de faire l'amour est de partager du plaisir avec quelqu'un - ressentir du plaisir, une connexion, et faire en sorte que ma partenaire ressente la même chose. Apprécier le moment en lui-même. C'est ce que les philosophes appellent une activité de "bonheur" et ce que les biologistes appellent "jouer" : une activité que je fais sans autre but que d'y prendre plaisir intrinsèque (alors qu'aller chez le dentiste n'est pas "heureux", c'est quelque chose que je fais avec un autre but en tête).
Pour moi, la qualité est plus importante que la quantité. Je préfère faire l'amour moins souvent, mais prendre plus de temps et d'énergie à chaque fois, pour rendre l’interaction la plus agréable possible. Mon objectif est le plaisir que je prends en le faisant - et le plaisir que je donne à la personne que j'aime.
Et c’est la seule chose qui compte.
Et vous ?
- Vous êtes-vous déjà interrogé sur ce sujet ?
Avez-vous ressenti une certaine pression, un certain jugement ? - Combien de temps accordez-vous habituellement à l'intimité sexuelle ?
Quelle a été votre plus longue interaction ? - Aimeriez-vous consacrer plus de temps au sexe ?
Qu'est-ce qui vous empêche de le faire ? - Qu'avez-vous appris grâce à cet article ?
Qu'allez-vous changer maintenant dans votre vie ?