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Version vidéo ici : Youtube Orgasm Lovers Masculinité toxique
Nous avons tous entendu l’expression « masculinité toxique »… Comme beaucoup d’expressions, elle a été utilisée comme une insulte pour catégoriser quelqu'un « tu es toxique ».
Mais en fait, le concept de masculinité toxique peut être LIBÉRATEUR pour les hommes. Je sais que c'est contre-intuitif, mais cela va faire sens.
Tout d'abord, le grammairien en moi a envie de crier : si je parle d'un ours blanc, cela signifie que certains ours ne sont pas blancs, et que certains animaux blancs ne sont pas des ours. Si la « masculinité toxique » existe, cela signifie que la « masculinité positive » existe aussi. Bescherelle ! Ce concept permet de séparer « toute » masculinité de la masculinité toxique. Nous, les individus mâles, n'avons PAS à nous sentir jugés dans notre ensemble lorsqu'une action est étiquetée à la fois toxique et masculine.
Deuxièmement, cela signifie que ce n'est pas la personne qui est intrinsèquement toxique. On étiquette son comportement, pas lui. Et on étiquette ce comportement comme le résultat d'un conditionnement social. Cela signifie qu'il peut échapper à ce conditionnement !
Troisièmement : « toxique » signifie qu'il est nocif, non seulement pour les autres, mais pour soi-même.
Donc, je veux vous aider à utiliser ce concept :
- Pour penser les dynamiques hommes/femmes sans fatalisme
- Pour éviter les conflits inutiles
- Pour créer de meilleures relations - en particulier avec les femmes qui se plaignent auprès de vous
- Pour vous libérer et avoir de meilleures relations amoureuses.
Pourquoi parle-t-on de « masculinité toxique » ?
Bien que je sois né mâle, quand j'étais jeune, j'avais des traits féminins.
- Certains hommes m'ont agressé, verbalement ou physiquement, parce que j’étais différent. Beaucoup d'hommes, une majorité en fait, ne m'ont PAS agressé. Mais ceux qui m'ont agressé étaient UNIQUEMENT des hommes.
- Certains hommes m’ont abordé dans la rue, en m'imposant leur désir sexuel de façon agressive, sans aucun égard pour mon propre confort (ou pour moi en tant que personne). Pourtant, de nombreux hommes, une majorité, ne m'ont PAS harcelé sexuellement. Mais SEULS les hommes m'ont abordé d'une manière qui m'a mis mal à l'aise.
- Certains hommes m'ont agressé sexuellement. Évidemment, beaucoup d'hommes, la plupart des hommes, n'ont jamais essayé de me violer, dieux merci ! Mais certains l'ont fait, une poignée, et ceux qui m'ont fait, ou essayé, ou menacé, étaient UNIQUEMENT des hommes.
Ce ne sont PAS TOUS LES HOMMES, mais par contre, ce sont SEULEMENT DES HOMMES. Il existe donc des schémas « toxiques », des comportements problématiques, qui ont été enseignés ou autorisés aux hommes (garçons) et non aux femmes (filles). Cela ne veut pas dire que tous les garçons apprennent ces comportements (ou qu'aucune fille ne les a appris), mais que le fait que ces hommes se comportent ainsi a quelque chose à voir avec leur sexe.
De même, certes c'est SEULEMENT DES HOMMES, mais ÉVIDEMMENT ce ne sont pas tous les hommes !
Je suis un humain. Je ne tue pas les gens avec des armes à feu. Mais seuls les humains tuent des gens avec des armes à feu. Reconnaître ce fait ne me rend pas coupable de leurs actions, ni ne fait de moi un ennemi de tous les humains ! Mais le pacifisme concerne les humains.Et en tant qu'humain, j'ai peut-être appris des choses, sans le vouloir, qui sont en lien avec cette tendance belliqueuse, donc j'ai peut-être à apprendre par ces questionnements.
Nous ne devrions PAS nous sentir insultés par le fait que les femmes en ont marre des comportements « masculins toxiques ». Et nous ne devrions pas nous sentir offusqués par l'affirmation selon laquelle ces comportements sont spécifiques au genre (des exceptions existent, car le genre est social).
Séparer le « toxique » du « masculin »
En effet, certaines personnes ont une mauvaise opinion de "tous les hommes" (c’était mon cas autrefois). Bien sûr, c'est un problème, comme toute généralisation. Certaines femmes sont en colère contre « tous les hommes », dans une réaction post-traumatique de colère et de généralisation.
Cependant, penser que le terme « masculinité toxique » est une injure est exactement la même chose : faire un paquet, penser que tous les hommes sont pareils et doivent être jugés comme une unité. Une énorme erreur de logique. Si la « masculinité toxique » existe, cela signifie que la « masculinité positive » existe.
Il existe une mauvaise conduite et une bonne conduite.
Quand on pense aux hommes qui m'ont agressé, il est évident que la plupart des hommes n'ont pas agi de la même manière ! Cela devrait aller de soi. Et si je dis qu'il n'y a que des hommes, je ne suis pas en train d’accuser tous les hommes. Si A est inclus dans B, cela ne signifie pas que B est inclus dans A.
Cependant... Certaines personnes veulent nous faire penser que le terme « masculinité toxique » est une injure. Ils veulent que nous assimilions tous les hommes à cette phrase. Si insulter un homme (ou une sous-catégorie d'entre eux) les insulte tous, cela signifie que ces défauts sont dans l'ESSENCE d'être un homme - que ces défauts sont inéluctables.
Pourquoi veulent-ils cela? Parce qu'ils veulent que VOUS ET MOI défendions « tous les hommes » (et les comportements toxiques). Ils veulent que NOUS nous sentions insultés lorsque LEUR comportement est critiqué. Ils veulent que NOUS les défendions contre NOS épouses, filles, mères, sœurs. Je ne vois pas pourquoi je leur ferais cette faveur !
Quand une femme se plaint, pourquoi ne devrais-je pas préciser que « je ne suis pas comme ça » ?
Parce que, comme dit plus haut à propos de « pas tous les hommes », CA VA DE SOI ! (Si une république a besoin de préciser qu'elle est démocratique, c'est souvent qu'elle ne l'est pas. Si on a besoin de le dire, c'est qu'on ne le croit pas vraiment.)
Évidemment, quand quelqu'un exprime de la colère, nous ne voulons pas être la cible de sa colère. Le réflexe est de dire : « ce n'est pas de ma faute ». D'où le « je ne suis pas comme eux ». Ce réflexe est une terrible erreur, car il suppose que la conversation est à propos de moi. Mais c’est à propos d’elle !
Quand une femme vous confie son histoire, ses émotions, ses doléances, c'est qu'elle vous FAIT CONFIANCE. Ce qui signifie évidemment qu'elle pense que vous êtes meilleur que ses agresseurs.
Là, à ce moment, elle a besoin d'un ami. Quelqu'un à qui elle peut se confier, quelqu'un sur qui elle peut compter, quelqu'un qui la soutiendra. Vous devez être cet homme.
Exprimer ses émotions, raconter l'histoire de son agression ou son sentiment d'injustice, est un fardeau et un moment de vulnérabilité.
Et si elle dit « vous les hommes », c'est généralement parce que, quand on est contrarié, on simplifie (ou cela peut signifier qu'elle vous a vu vous comporter d'une manière influencée par la « masculinité toxique », auquel cas c'est une invitation à grandir et devenir un meilleur être humain, et probablement, elle vous fait confiance pour vouloir devenir meilleur). Dans tous les cas, elle vous confie ses sentiments, même si en ce moment ces sentiments sont de la colère. Ce dont elle a besoin, c'est de soutien, pas de débat philosophique, ni de vous entendre défendre votre honneur.
Qu'est-ce que la masculinité toxique ? Pourquoi devrions-nous nous sentir concernés ?
Dans nos sociétés, certains modes d'éducation permettent aux gens, selon ce qui les prédispose à être « privilégiés », de se comporter mal vis-à-vis des autres. Il y a quelque chose dans la façon dont les hommes sont élevés, qui fait croire à CERTAINS qu'ils ont le droit de disposer des autres. Il existe des comportements « privilégiés », « abusifs », qui sont spécifiquement masculins – au sens où ce ne sont que des hommes, pas au sens où ce sont tous les hommes.
Parler de « masculinité toxique » est en fait un choix sémantique superbe : ce n'est pas l'individu lui-même qui est toxique, mais la façon dont il pense qu'il peut et doit se comporter – à cause de son idée de ce qu'un « homme » devrait être. Une façon de penser peut être changée. Ce qui a été appris, peut être remplacé. Le concept est indulgent – c'est un modèle appris. Et il est plein d’espoir – on peut changer.
Plus précisément, les traits les plus criants de « masculinité toxique » sont :
- Associer le désir sexuel à l'agressivité – celui-là est énorme ; et est terrifiant pour nous les amoureux bienveillants ! Si vous ressentez cela parfois, restez à l'écoute, car mes enseignements consistent à mettre l'amour au centre de « faire l'amour ».
- Utiliser la présence physique ou la domination pour intimider les autres – ce qui est tout simplement discourtois, mais est souvent inconscient pour ceux qui ont cette puissance physique.
- Manquer d'empathie, en particulier avec ce que vivent spécifiquement les femmes. Le plus terrible à mes yeux est de rejeter les plaintes de l'autre en répondant par sa propre plainte (« nous aussi avons des problèmes »).
- Solidarité avec les agresseurs (« solidarité masculine »)… la mauvaise nouvelle : du point de vue d'une victime, le réflexe « je ne suis pas comme ça » donne cette impression !
- Refuser de reconnaître qu'on peut se tromper, refuser de faire des efforts pour s'améliorer. C'est la peur d'admettre que l'on n'est pas "parfait" (ce serait un signe de faiblesse).
- Ne pas pouvoir sortir de « l'état d'esprit de compétition ».
- Certaines formes d'agressivité directe – en particulier, la transformation de toute émotion en colère
- Certaines formes d'agressivité passive – refouler ses émotions, se cacher, refuser de s'ouvrir.
Pourquoi devrions-nous en prendre la responsabilité ?
D'abord parce que nous devons être là pour soutenir les femmes que nous aimons. Et cela signifie être conscient des abus qu'elles subissent et de ce qu'elles ressentent.
Deuxièmement, parce que nous voulons DÉMONTRER que « nous ne sommes pas comme ça », que ce ne sont « pas tous des hommes ». Ainsi, lorsque nous voyons un homme se comporter d'une façon qui met nos proches mal à l'aise, nous devons nous lever et dire quelque chose à l'auteur du comportement toxique. Pas nécessairement en lui faisant honte en tant que « personne toxique », mais comme ayant FAIT quelque chose qui n'est pas OK.
Et c'est dur, et courageux, et cela démontre que tous les hommes ne sont pas toxiques (contrairement au fait de le dire à la victime).
Troisièmement, nous libérer nous-mêmes. Nous avons tous été élevés dans une société où ces stéréotypes existent, où existent des schémas toxiques – dont certains sont enseignés aux garçons. Ces schémas toxiques nous ont influencés, et ces comportements et modes de pensée nous sont inculqués, sans que nous nous en rendions compte. Et, pour nous en débarrasser, nous devons faire deux choses :
- prendre conscience des comportements et des schémas que nous voyons être nocifs pour nos proches,
- être conscients que NOUS, individuellement, avons pu les imiter sans nous en apercevoir.
Et, alors, nous pourrons changer ces comportements et devenir de meilleurs amis, amants et parents.
Enfin, et c’est particulièrement important : ces schémas « toxiques » et ces stéréotypes « masculins » nous font du tort à TOUS. Oui, un homme peut se sentir en droit d'abuser des femmes, et cela peut ressembler à un privilège. Mais, ce privilège même l'empêche de se lier intimement avec ces femmes. Cela détruit sa capacité à une relation aimante et authentique.
Cela supprime son accès à l’AMOUR! Aucun privilège ne vaut ça.